En juillet 2022, le régime de transition malien a arrêté 49 soldats ivoiriens, considérés comme étant des mercenaires. Ils ont ensuite été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’État. Ces soldats étaient pourtant en mission logistique pour l’ONU. Après plusieurs mois de tension et de médiation, le président de la transition a finalement gracié les Ivoiriens le 6 janvier 2023.
Une médiation soutenue par une culture du dialogue
Annoncée dans la soirée du 6 janvier, la grâce présidentielle était espérée par les 49 soldats ivoiriens depuis la fin de l’année. Il s’agit en effet d’une pratique courante en début d’année. En outre, la médiation togolaise a permis de rétablir progressivement le dialogue entre les Ivoiriens et les Maliens sur les six derniers mois. Une solution à l’amiable était ainsi envisageable dès la fin de l’année. Il s’agit d’ailleurs d’un succès pour la diplomatie togolaise.
Lomé a effectivement cherché à améliorer les relations entre Abidjan et Bamako depuis l’incident diplomatique de juillet 2022. De plus, le pays a participé activement aux négociations pour rapatrier les soldats ivoiriens et apaiser les tensions dans la zone. Le Togo reste donc fidèle à sa tradition diplomatique et au rôle de médiateur qu’il s’est fixé dans la région.
Selon les spécialistes, la vie politique togolaise accorde historiquement une place de premier plan à la diplomatie. Ainsi, le pays a toujours privilégié les grands diplomates pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères. C’est par exemple le cas du regretté Koffi Panou (1947-2003). À titre d’information, le politicien togolais a été nommé à la tête du ministère des Affaires étrangères en 1996 et en 2000. Il est surtout connu pour sa participation à la médiation durant la crise ivoirienne de 2002.
La culture du dialogue du Togo est encore perceptible sur ce nouveau dossier. Il se manifeste à travers le rapprochement entre le chef de l’État togolais, le pouvoir ivoirien et le régime de la transition malien. Ainsi, le président Faure Gnassingbé est à la fois à l’écoute d’Alassane Ouattara et du colonel Assimi Goïta. Cette situation est particulièrement favorable à la discussion et aux concessions. Et elle a justement porté ses fruits le 6 janvier.
Un dénouement apprécié par les principaux interlocuteurs des parties impliquées
La libération des soldats ivoiriens a été saluée entre autres par l’UA, la CEDEAO, l’UE, la France et les États-Unis. Le site de France Diplomatie a notamment salué les efforts de médiation et de dialogue de la CEDEAO ainsi que du Togo sur ce dossier. La publication a ensuite été relayée sur Twitter par Augustin Favereau, ambassadeur de la France au Togo.
De même, l’ambassade des États-Unis a tweeté ses remerciements à l’exécutif togolais, à la CEDEAO, à l’Union africaine et aux nombreux États amis. La résolution pacifique vient en effet des efforts des différents acteurs engagés dans la médiation. Le travail des médiateurs a finalement mené au retour sain et sauf des 49 soldats ivoiriens auprès de leur famille.
De son côté, l’Union européenne a également réagi par le biais de Nabila Massrali, son porte-parole pour la sécurité et les affaires étrangères. Son tweet salue à la fois la retenue du gouvernement ivoirien ainsi que les efforts de la CEDEAO et du Togo pour mettre fin à cette crise. Effectivement, les autorités ivoiriennes ont contribué à éviter l’escalade de la violence après cet incident diplomatique non négligeable.